billie + all these memories seem so old.

just survive  Ses yeux s’ouvrent soudainement. Sa respiration est haletante.  Elle a réussi à retenir le cri qui menaçait de sortir de ses lèvres. Elle passe ses mains sur son visage et tente de se calmer. Elle vient encore de faire un cauchemar. Toujours la même chose. Ce sont encore et toujours les mêmes images qui lui reviennent en tête.  Des images horribles, des images qu’elle aimerait oublier, mais elle n’y arrive pas. Même après des années, c’est toujours la même chose. Elle n’avait que treize ans lorsque cette triste histoire est arrivée. Treize ans, des rêves plein la tête, une famille unie et heureuse. Et ce bonheur fût détruit en une fraction de seconde.  

« C’est tellement haut… » disait-elle alors qu’elle observait la vue depuis l’immense fenêtre. Son grand frère hocha la tête et se retourna ensuite vers le reste de la famille. Une petite réunion improvisée dans le bureau du père. A son tour, Billie arrêta de contempler la vue et se mit à rejoindre les autres. Elle y était presque, moins d’un mètre et elle aurait pu respirer une nouvelle fois le parfum de sa mère, voir le sourire de sa petite sœur.  Elle n’en eut pas l’occasion. Une forte détonation, des cris, une explosion, le sol qui tremble, le bruit de vitres qui explosent … Il lui a fallu de longues secondes pour réagir. Sortir d’ici. Elle se répétait sans cesse ces mots. Seulement, tout le monde n’eut pas cette chance. Un regard vers sa famille et ce fut le choc. Du sang, beaucoup trop même. Un cri d’un côté, un autre à droite … A un moment, son père la poussa sur le côté, assez fort. Elle voulut le retenir près d’elle mais elle n’y arriva pas. Son père mourut sous ses yeux, tout comme son grand frère.  Les minutes suivantes ne furent guère mieux. La tour finit par s’effondrer, emportant Billie. Billie qui, miraculeusement, survécut. Elle resta inconsciente durant quelques heures avant d’enfer ouvrir les yeux. Il lui fallut alors affronter la vérité. Elle n’avait plus que son jumeau. Son jumeau qu’elle croyait avoir perdu. Pourtant, il était à côté d’elle à son réveil. Il était en vie. Lui et elle. Personne d’autre.

Tenir le coup. Remonter la pente. Billie en avait eu vite ras le bol d’entendre ces mêmes mots revenir sans cesse. Elle n’en avait pas le courage. Pas l’envie. Elle n’eut envie de rien pendant un bon laps de temps. Dépressive, elle l’a été. Elle ne pouvait recommencer à vivre du jour au lendemain. La peine était trop forte, trop douloureuse. Trop présente. D’ailleurs, la maison familiale était une douleur à elle seule. Le simple fait de voir les photos de famille, de passer devant les chambres des parents, du frère, de la sœur, … C’était douloureux. Il a bien fallu réapprendre à vivre. Refaire les gestes, les choses de la vie quotidienne. Le point positif – le seul d’ailleurs – pour la blondinette, c’était son jumeau. Sans lui, elle n’aurait pas tenu le coup. Son frère qui était toujours là pour elle, qui faisait tout pour l’aider. A deux, ils ont fini par s’en sortir. Une fois sortie de dépression, Billie a suivi son frère à Sidney. Loin de New York. lls y restèrent sept ans. Jusqu’au jour où Melbourne leur tendit les bras.  

somehow Laissant s’échapper un soupir de ses lèvres, Billie quitte son lit. Elle a besoin de prendre un peu l’air. Doucement, elle ouvre la porte de sa chambre et tout aussi délicatement, elle marche dans le couloir. Elle ne tient pas à réveiller Peter et Matthew. Surtout que Peter se lève très tôt le matin, boulangerie oblige. Quant à son frère, il mérite bien de passer une nuit correcte sans devoir venir la rassurer après un cauchemar. Une fois sur la petite terrasse, elle se laisse tomber sur l'une des chaises et respire à plein poumons l'air 'pur' . Une petite pause avant de retourner au lit, de s'endormir et de , sans doute, refaire un cauchemar. Ses pensées dérivent assez vite vers Peter. Elle se dit encore qu'elle a eu beaucoup de chance de tomber sur cette petite annonce de colocation. Et elle a encore plus de chance de l'avoir lui. Lui et cette sécurité qu'il semble lui apporter sans en faire beaucoup. Juste en étant lui-même. Un jeune homme dont la présence devient tout aussi indispensable que celle de son jumeau. Voir un peu plus peut-être.